Road Movie

« Fais attention à ce que tu souhaites le plus au monde, ça risque justement de t’arriver »

Journaliste mondain, poète à ses heures, Joël rencontre Scott. C’est la rencontre de sa vie, mais il ne le sait pas encore. Il ne peut et ne veut pas quitter New-York pour vivre son histoire d’amour en Californie. Quand enfin il s’en rend compte, il traverse les Etats-Unis pour rejoindre l’Autre. Sur la route, il croise 3 femmes qui sont autant « d’éclairages » sociaux-historiques des années 70 - 90 en Amérique. A travers ces personnages, il peut poursuivre son chemin d’initiation.

L’écriture de Godfrey Hamilton est puissante et pleine de sensibilité, d’un humour ravageur, surtout quand il s’agit de tourner en dérision les aberrations de la société américaine. Ou bien le ton est furieux pour aborder les thèmes liés au sida, au deuil et à la guerre. Il est farfelu mais perspicace dans sa façon de croquer les personnages ou encore pudique et simple dans les moments d’émotion. Les histoires d’amour sont universelles et la manière dont elles se concrétisent peuvent paraître anecdotiques comparées à la force des sentiments.

L’histoire commence par la fin. Joël vient de recevoir le cadeau de départ de son ami Scott. Il remonte le fil de ses souvenirs.

L’auteur

« Road Movie » a été créé par le dramaturge britannique Godfrey Hamilton et joué par le comédien américain Mark Pinkosh. Ensemble, le duo est connu sous le nom de la « Starving Artists Theatre Company » (la compagnie des artistes affamés), crééé à Honolulu, Hawaii, ville d’origine de Mark. Dix ans plus tard, l’état d’Hawaii leur a publiquement rendu hommage pour leur œuvre dans la lutte contre l’homophobie et le racisme.

En 1995, Godfrey et Mark déménagent en Californie pour monter des pièces dramatiques écrites par Godfrey et jouées par Mark.

Les pièces clés comprennent : « Sleeping with you » (jouée à Edimbourg, Londres, en Nouvelle-Zélande et tournée aux Etats-Unis), « Viper’s opium », « A dangerous Age » (une méditation sur la guerre en Irak, jouée à Londres et à Seattle) et « Take me with you », commandée par le Drill Hall Arts Centre de Londres. Elle a été jouée également au Festival Queer du Nord à Manchester. Cette pièce vient d’être filmée pour la télévision anglaise.

La collaboration de Godfrey et Mark qui connaît le plus grand succès à ce jour reste « Road Movie », gagnant le prix Fringe Award au Festival d’Edimbourg et le Stage Award. « Road Movie » a été joué à travers le monde : le Festival international de Dublin, Toronto World Stage et aux Etats-Unis. Le texte « Road Movie » a été traduit en italien, français, allemand et espagnol et joué à Paris et maintenant à Genève du 5 au 23 septembre au Théâtre les Salons avec Jean Natto, comédien et Mercédès Brawand, metteure en scène.

Godfrey Hamilton

Les images

Avec un titre venu du monde du cinéma, cette pièce est destinée à être monté avec des images en mouvement. C’est à la mode au théâtre de travailler avec la vidéo. Et c’est pour cela qu’il faut réfléchir d’une manière approfondie à son utilisation. Pourquoi vouloir mettre de l’image si l’on a déjà le mouvement de la représentation, et des acteurs en chair et en os.

Il ne s’agit donc surtout pas de servir les attentes vis-à-vis d’un titre comme Road Movie mais de puiser à la source du cinéma, fait d’ombres et de lumières. Le concept imaginé propose de fabriquer sur scène en même temps que l’histoire se raconte, des images. Faire travailler l’imaginaire du spectateur plutôt que d’illustrer le contenu du texte joué par le comédien.

Dans un décor aux formes géométriques, sobre jusqu’à l’effacement de toutes histoires, les images peuvent amener un des aspect le plus important de cette histoire : le déplacement du personnage principal à travers les Etats-Unis. La sensation de mouvement se crée par les moyens les plus simples devant les yeux du spectateur.

Marie-Catherine Theiler